Compte-rendu des Journées Pavie 2023

Deux familles angevines d’écrivains : les Pavie, les Bazin

SAMEDI 25 NOVEMBRE : Journée d’études – musée des Beaux-Arts d’Angers

            Quel meilleur endroit que le Musée des Beaux-arts d’Angers pour vivre cette journée ?! Accueillis dans son auditorium confortable par la directrice Mme Anne Esnault, Guy Trigalot, président des Amis de Victor et Théodore Pavie et Henri Viot, président des Amis de René Bazin, ont tour à tour exprimé leurs sincères remerciements et leur plaisir de pouvoir partager un tel moment. 50 personnes le matin et 60 l’après-midi sont venues écouter les six communications prévues.

            Trois conférences le matin sous la présidence de Marilise Six, présidente des Lyriades, avec pour thème « Bazin-Pavie, leur enracinement en Anjou » :

– De Victor Pavie à René Bazin, une même géographie littéraire d’Angers par François Comte,conservateur aux musées d’Angers : Ces deux écrivains ont un parcours qui présente beaucoup de points communs : naissance dans le centre commerçant d’Angers, baptême à la cathédrale, orphelin de mère pour Pavie et de père pour Bazin, parents au conseil municipal d’Angers, scolarité angevine au lycée pour l’un et à Mongazon pour l’autre, études à la faculté de droit de Paris, inscription de courte durée au barreau d’Angers, début littéraire dans la presse locale et collaboration au journal L’Anjou, résidence aux Rangeardières à Saint-Barthélemy, membres de la Société d’agriculture, sciences et arts d’Angers et de l’Œuvre des cercles ouvriers et enfin éloge funèbre prononcé par un évêque d’Angers pour ces deux militants catholiques. Avec un itinéraire aussi voisin, il nous semblait pertinent de repérer dans leurs écrits la description des mêmes lieux de leur ville natale dont ils portent, à près de cinquante ans d’écart, un regard plutôt critique.

– Les Rangeardières et Le Patys, deux logis d’écrivains par Daniel Gruau et Jean Luard, membres de l’Académie des sciences, belles-lettres et arts d’Angers : À Saint-Barthélemy-d’Anjou, une vaste maison des XVIIe et XVIIIe siècles se dresse au milieu d’un parc. Dès 1353 est mentionné « un hébergement appelé Renjardière ». Il devait dans les siècles suivants, appartenir à un riche bourgeois d’Angers, Colas Roustille, à Pierre Le Sourd, receveur de la capitation, à Claude Paruit d’Emery, trésorier payeur général de Maine-et-Loire, à Louis Joseph Pavie, imprimeur à Angers et à son décès, en 1859, à ses fils Victor et Théodore. Elle est ensuite acquise en 1878 par Mme Bricard, qui en fait donation à sa fille Aline en 1902, épouse de l’écrivain et académicien René Bazin.

Depuis 1848, le père de René Bazin était devenu propriétaire avec ses frères du logis du Patys à Marans, près de Segré, ancienne longère à destination agricole devenue une modeste maison bourgeoise. Le château devient la maison de vacances où se retrouvent chaque année René et sa fratrie pour des parties de chasse et de pêche. Malgré sa vie parisienne, René continuera à rendre visite au Patys à sa sœur, devenue la propriétaire, et ses neveux et nièces, dont Jacques le père d’Hervé Bazin. René Bazin profite de ses séjours au Patys pour aller voir Théodore Pavie, qui réside en son manoir tout proche de la Chaufournaie à Chazé-sur-Argos.

Ces maisons restent empreintes du passage de ces hommes de culture qui en ont fait un « logis de lettres ». C’est la raison pour laquelle le ministère de la Culture a inscrit les Rangeardières, avec son parc, à l’inventaire des Sites pittoresques du Maine-et-Loire et a donné au Patys le label « Maison des illustres ».

– Les guerres de Vendée chez les Bazin et les Pavie,par Wilfrid Paquiet, vice-président de l’association Vendée Militaire : Les guerres de Vendée constituent un sujet d’études historiques et littéraires partagé par les écrivains des deux familles qu’ils appartiennent aux Pavie (Louis, Victor, Théodore et Eusèbe Pavie) ou aux Bazin (Albert Lemarchand, René Bazin, Ferdinand-Jacques Hervé-Bazin). Les événements les plus connus des familles Bazin et Pavie pendant les guerres de Vendée sont liés à la prise d’Angers par l’armée vendéenne. Les Pavie comme les Bazin ont côtoyé de nombreux témoins de l’époque et ont produit des écrits sur cette guerre civile.

            Les 35 personnes restées déjeuner au 1801, les cuisines du musée ont trouvé le menu  délicieux.

            Trois autres conférences l’après-midi sous la présidence de François Comte, conservateur en chef, avec pour thème « Bazin-Pavie, biographes et voyageurs » :

– René Bazin, biographe des Pavie par Guy Trigalot, président des Amis de Victor et Théodore Pavie : René Bazin a rédigé une notice biographique pour chacun des frères Pavie, Victor et Théodore. À chaque fois, trois versions ont été réalisées, les premières paraissant l’année de leur mort en 1886 et 1896, les dernières étant publiées plusieurs décennies plus tard, en 1930, soit en ayant ajouté des éléments, soit au contraire, en ayant réduit la mouture initiale.

Il est important de rappeler les liens étroits qui unirent les trois hommes, en  soulignant leurs profonds points communs, les passions qu’ils partagèrent, les influences que reçut de ses compatriotes le futur académicien, et de repérer dans l’œuvre de Bazin les traces d’un legs spirituel et culturel.

– L’Italie de Victor Pavie et de René Bazin, par Marilise Six, présidente des Lyriades : À presque 50 ans d’écart, Victor Pavie et René Bazin entreprennent un voyage en Italie, dans une tradition à l’honneur depuis au moins Montaigne. Il s’agit de voir, dans une perspective comparatiste, ce qui unit ou différencie ces deux écrivains, qui peuvent sembler peut-être moins proches à l’étranger que sur leur terre natale et qui ont rendu compte de leur expérience dans deux publications. Il s’agit, pour Victor Pavie, des Notes d’un voyageur en Italie. Pour René Bazin, nous limiterons notre étude aux deux premières sections de Les Italiens d’aujourd’hui : « Provinces du Nord – La vie provinciale » et « Les maisons de Rome et la campagne de Rome », en précisant que les textes italiens de R. Bazin sont bien évidemment plus nombreux.

Amour du loin et tentation de la route : Théodore Pavie et René Bazin, deux voyageurs en Amérique du Nord (1829-1912), par Mathias Burgé, professeur agrégé d’histoire : Dans l’hommage qu’il rend à Théodore Pavie à sa mort en 1896, René Bazin insiste sur l’influence décisive qu’exerça sur lui l’écrivain voyageur et orientaliste. Si les deux hommes multiplièrent les voyages sur tous les continents, leurs séjours ont surtout en commun la partie la plus septentrionale de l’Amérique du Nord, c’est-à-dire les États-Unis et le Canada. Peu d’études importantes ont été faites sur ces voyages. A priori, tout semble opposer les deux récits. La date d’abord : l’Amérique de 1829 et celle de 1912. Le regard ensuite : celui de René Bazin est davantage celui d’un journaliste/sociologue que celui d’un romantique comme Théodore Pavie. Pourtant, les deux œuvres possèdent de nombreux points communs et il faut souligner la proximité dans la méthode et dans l’esthétique de deux écrivains voyageurs adeptes de « l’écriture impressionniste »

Une publication reprenant le contenu des conférences sera publiée en 2024.

            Nous avons ensuite tenu notre Assemblée générale ordinaire toujours dans le bel auditorium du musée.

            Puis s’est déroulée l’inauguration de l’installation des portraits de Victor et Théodore Pavie, de Manette Dubois et de René Bazin, dans la salle « Parcours Histoire d’Angers » du musée.

En présence d’une trentaine de personnes, François Comte a remercié les généreux donateurs Jean-Laurent, Xavier et Marc de Stoppani des trois premiers tableaux cités. Marc de Stoppani était présent avec son épouse. François Comte a ensuite présenté les tableaux :

            * Victor Pavie par René Cadeau (1782-1858), 1826, huile sur toile

            * Théodore Pavie, attribué à Alfred Ménard (1806-1870), vers 1827, huile sur toile

            * Marie (Manette) Dubois, servante des Pavie, attribué à Jean-Baptiste Thonesse (1775-         1838), vers 1820-1830, pastel sur papier

            * René Bazin, de l’Académie française, par Jean-Alexandre Corabœuf (1870-1947), 1924,      huile sur toile

Les deux premiers portraits ainsi que le dernier resteront visibles, le pastel étant, lui, trop fragile pour être exposé en permanence. Ces tableaux côtoient d’autres portraits, ceux-là sculptés : le buste imposant  de Curnonsky le « Prince des gastronomes » et celui d’Hervé Bazin, constituant en quelque sorte, une galerie des figures littéraires de l’Anjou.

            Après le vernissage, le musée d’Angers nous invitait ensuite à un verre de l’amitié dans les locaux du 1801.

            Une quinzaine de personnes se sont enfin retrouvées pour diner au Relais, où le patron, défenseur de Curnonsky cité plus haut, nous a accueillis et expliqué l’historique de son établissement, l’un des plus anciens restaurants d’Angers.

DIMANCHE 26 NOVEMBRE : Journée réservée aux adhérents des associations :

            Visite des Rangeardières : Sous un beau soleil d’automne, nous avons été reçus très chaleureusement par les actuels propriétaires, M. et Mme de Ferrière, qui nous ont accompagnés dans les différentes parties du pa0rc, la cour intérieure, montré la pièce où René Bazin écrivit nombre de ses ouvrages, avant de terminer la visite en nous offrant un café et des croissants. L’évocation des grandes figures ayant résidé en ces lieux rivalisait avec les discussions paysagères et botaniques. La quinzaine de participants était unanimement ravie.

           

Réception au Cercle Saint Paul de boule de fort : Jean-Claude Chauvat, l’un des fondateurs de la Fédération nationale de boule de fort, un jeu traditionnel angevin, avait bien fait les choses ! Visite des locaux et rappel historique, présentation de documents d’époque (photo commémorative et menu du cinquantenaire en 1924, écrits de l’académicien,…) Une boule de fort ayant appartenu à René Bazin, président d’honneur et qui a toujours soutenu le Cercle, trône au milieu du jeu. L’occasion de faire une petite démonstration par votre président qui avait apporté ses propres boules et Claude Salmon, membre de l’AAVTP, tous les deux sociétaires du cercle Jeanne d’Arc à Angers. La matinée finit par un apéritif offert par nos hôtes : un excellent Coteau de l’Aubance qu’auraient certainement apprécié Bazin, défenseur des valeurs et des produits du terroir angevin et Victor Pavie qui offrait cette divine liqueur à ses amis Adèle et Victor Hugo de Paris.

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